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Les amis de la reliure de Touraine et Melle Chevert, diplômée de l'UCAD
(Union Centrale des Arts décoratifs, Paris XVI)
réalisent les restaurations de vos ouvrages
dans le respect du passé et du travail artisanal.
Elle propose également des cours
pour mieux comprendre ces techniques de reliure et de dorure
Quelques éléments d'histoire de la reliure :
(extrait du livre d'Annie Persuy-Sun Evrard, La reliure, Denoel 1983)
LA RENAISSANCE : LE BEAU XVIe SIÈCLE
LE XVIIIe SIÈCLE JUSQU'A LA RÉVOLUTION
Les livres sont extrêmement rares et chers. Ils sont copiés
dans les scriptoria des monastères et, si le corps d'ouvrage est fait par le
moine « ligator », la reliure est plutôt le fait des orfèvres ou des
ivoiriers. La couture sur nerfs s'est généralisée (premier exemple à Fulda
en Allemagne au ville siècle). On coud sur des nerfs doubles, puis sur des
nerfs fendus. Les extrémités de ces nerfs sont passées dans des encoches ménagées
dans l'épaisseur des deux lourds ais en bois qui servent de couverture et
maintiennent ainsi solidement l'ensemble.
Les tranchefiles débordent parfois sur les ais et on leur
adjoint une patte de renforcement en cuir.
Les dos sont plats, le cuir n'y est pas collé et tous les volumes sont munis de fermoirs et de courroies, le parchemin ayant tendance à gondoler et à gonfler. Presque tous les livres avaient quatre cornières en métal ou quatre clous, les bouillons, et un gros clou central, l'ombilic, pour éviter l'usure de la couverture.
- en étoffe : velours, brocart, camelot;
- en bois incrusté de pierres précieuses, de plaques d'ivoire;
- en métal précieux orné de sculptures et de gemmes. II ne reste rien en France des reliures d'orfèvrerie antérieures au IXe siècle. Pendant la période carolingienne, la grande vogue fut les plaques d'ivoire messines ou les plaques antiques enchâssées dans un cadre d'orfèvrerie puis, au Xe siècle, il y eut beaucoup d'ensembles d'autel, vases sacrés et reliures dans le même style et aussi richement décorés.
L'essor économique du XII siècle va provoquer un renouveau artistique. Les relieurs ne sont plus simplement dans les monastères mais s'installent près des universités et sous leur contrôle. Une clientèle instruite se crée qui va demander des livres à la fois plus petits, plus simples et plus soignés.
- l'estampage, qui utilise la pression de blocs de buis gravé en creux et en relief, laissant leur empreinte sur le cuir humidifié, pour réaliser ce qu'on appelle le « tirage à froid ». Ce terme d'estampage a été conservé quand on a employé au lieu de bois un petit bloc de fer ou de cuivre gravé et emmanché : le fer à dorer.
Le titre des livres est souvent écrit ou peint à la main sur la tranche, ce qui permettait d'identifier le livre posé à plat. Les premières tranches teintées ou décorées au pochoir et ciselées apparaissent. À Anvers en 1250, puis à Bruxelles vers 1350 sont gravées les premières « plaques » de reliure : larges fers qui faciliteront la décoration des plats, elles sont à sujet religieux. Pratiquement tous les décors de fers antérieurs au XV siècle sont exécutés avec des fers dits « monastiques » dont le dessin était gravé en creux sur le fer. Le motif apparaissait en relief sur un fond de cuir écrasé et noirci. Les fers sont d'inspiration religieuse ou chevaleresque.
Les ateliers se multiplient et le décor, bien qu'assez monotone, devient recherché (bibliothèque du prince Henri 1121-1175) et sur certaines reliures du XIII siècle on trouve des empreintes dorées à l'or liquide (Psautier de Beauvais).
On commence à employer le papier avec moins de réticences pour faire des livres et Gutenberg imprimera sa première Bible à la fois sur parchemin et sur papier. Pourtant, pendant environ soixante-dix ans, de 1450 à 1520, le livre hésitera entre la copie des manuscrits ou la création d'un style nouveau du livre imprimé: les premiers ouvrages imprimés sont appelés des incunables. II faudra aller vite, car si les éditions manuscrites se comptaient par centaines dans les meilleurs cas, le besoin de livre est tel qu'on a pu recenser quelque vingt millions d'exemplaires imprimés entre 1450 et 1500 en Europe.
Très bon corps d'ouvrage; tous les dos sont à nerfs
saillants (5 à 7 suivant le format). Le cuir est du veau brun ou de la basane.
Après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, des ouvriers gréco-byzantins
vont se louer en Europe et réintroduire la couture « à la grecque » dans
laquelle la ficelle de soutien de la couture n'est pas apparente pour former des
« nerfs ». Cette ficelle se loge dans des encoches faites à la scie dans l'épaisseur
du dos : les «grecques». Cette couture ne sera autorisée officiellement en
France qu'en 1750 mais elle sera quand même pratiquée avant cette date.
INNOVATIONS
Les premières plaques gravées apparaissent en France vers
1480.Elles permettent de décorer le centre des plats d'un seul
coup dans la presse à balancier. De petites dimensions au début, elles sont
entourées de motifs répétitifs faits à la « roulette ».
La roulette est un cercle de métal tournant librement sur un axe dont les extrémités sont fixées sur un étrier monté sur un manche en bois. La bordure du cercle avance en roulant sur le cuir en y laissant la trace d'un filet plus ou moins large ou d'un motif gravé qui se répète régulièrement.
Une reliure exécutée pour Charles V vers 1484 et recouverte de cuir entièrement doré à la feuille est le plus ancien exemple français de reliure dorée que l'on connaisse.
LA RENAISSANCE : LE BEAU XVIe SIÈCLE
Le modèle des bibliophiles est sûrement Jean Grolier
(1479-1565) : mis en rapport par son père avec le monde italien du livre, et
vivant autant en Italie qu'en France, il sut soutenir l'atelier d'Alde Manuce à
Venise et introduire en France la technique nouvelle de la dorure à la feuille
d'or. En montrant des modèles, en les faisant exécuter par les relieurs français,
il contribua à la création d'un style tout à fait nouveau. A côté de lui et
à la même époque il faut citer le connétable Anne de Montmorency et le médecin
Thomas Mahieu qui furent aussi de grands « amateurs » de beaux livres, ainsi
que l'historien J.A. de Thou.
LA TECHNIQUE NOUVELLE
La dorure sur tranches est réalisée à l'aide du « bol
d'Arménie », argile rougeâtre, et de blanc d'oeuf. La feuille d'or est déposée
sur cet apprêt humide, on la fait ensuite briller à la pierre d'agate.
LES DÉCORS
Ils vont être plus faciles à réaliser sur le maroquin de
Cordoue, cuir de grande qualité qui arrive en France à partir de 1536 et peut-être
avant.
- Les décors à froid à l'aide de fers ou de plaques sur des couvrures en veau. Les plaques qui sortent de l'atelier d'André Boulle se font remarquer pour leur beauté et la netteté de leur gravure. L'iconographie est le plus souvent religieuse mais comporte aussi des emblèmes, des devises ou des motifs de fleurs ou de fruits.Petit à petit, des fleurons dorés se mêlent aux motifs à froid.
LES GRANDS RELIEURS
Pierre Roffet exécuta les reliures pour Louis XII et pour
François ler. Son fils Étienne Roffet, relieur du roi, fit d'élégantes
reliures géométriques rehaussées de cires polychromées pour François le, et
Grolier.
Claude de Piques travailla pour Catherine de Médicis-, son nom est lié au « fer au trèfle » et au décor de gracieuses arabesques qu'il réalisa.
C'est une époque de très grand développement de l'édition. Presque tous les livres sont reliés, souvent en veau brun de médiocre qualité. Seuls les dos sont ornés dans les entre-nerfs délimités par des filets ou des roulettes, par des fers d'angle triangulaires et un fleuron central en losange inspiré de dentelles filigranées. Les tranches sont rouges ou bleues et on commence à employer le papier peigné ou marbré pour doubler les plats. La grande majorité des livres sont cousus sur nerfs. Les titres sont dorés mais encore de manière hésitante.
LA TECHNIQUE NOUVELLE
L'introduction des papiers marbrés en reliure, et le début
en Hollande, de la marbrure sur tranche, appliquée seule ou sous la feuille
d'or (1675).
LES DÉCORS
- Le décor « à la Duseuil » du nom d'un relieur qui ne
travailla qu'un siècle plus tard. Ce décor comporte un premier encadrement de trois filets
dorés rapprochés tout au bord du plat. Un second encadrement est poussé
beaucoup plus à l'intérieur. Quatre gros fleurons ornent les coins, soit entre
les deux groupes de filets d'encadrement, soit plus à l'intérieur. Ce décor
sera •< classique » au xvile siècle et ornera la plupart des livres de
fond des grandes bibliothèques. Pour les reliures d'art, il se complique : les
filets extérieurs se doublent d'un encadrement de roulette. Les filets intérieurs
s'interrompent pour laisser la place à des portions de cercles enrichies de
fers pointillés, le centre du plat portant un cartouche quadrilobé autour d'un
titre ou des armoiries.
- Le décor « à compartiments géométriques». C'est
toujours le décor « à la fanfare » mais compliqué et enrichi de fers en
spirales pointillées au point de remplir complètement la surface à
l'exclusion du cartouche central. Quelques rares reliures à compartiments présentent
des motifs mosaïqués.
- Le décor « à l'éventail ». II présente au centre du
plat des motifs rayonnants en fers pointillés, les mêmes motifs se retrouvant
en quart de cercle dans les angles donnant un ensemble très riche.
- Le décor au « semé » qu'on rencontre toujours.
- Le dos « à la grotesque ». Le dos est entièrement décoré
de petites spirales avec une interruption pour le titre et des encadrements de
filets.
- La reliure « janséniste ». Elle apparaît à la fin du siècle et présente des plats en maroquin sans décor, parfaitement exécutés; seule la doublure est ornée et dorée.
- La « dentelle du Louvre ». C'est un encadrement de larges feuilles entourant des branches, doré au balancier et réservé aux reliures royales.
LES GRANDS RELIEURS
Clovis Ève succède à son père comme relieur royal jusqu'en 1634 et travaille pour Henri III pour qui il exécute des « fanfares » et des reliures à semis. Macé Ruette, nouveau relieur du roi, est célèbre pour avoir introduit en France la technique des papiers marbrés et peignés. II fit de très belles reliures « à la Duseuil » que son fils Antoine Ruette embellira encore en leur donnant un aspect filigrané très élégant. Florimond Badier. On lui doit de très riches reliures au décor mosâiqué très exubérant et aux couleurs vives rouge, citron, olive, brun. Les tranches sont marbrées sous or. Luc-Antoine Boyet orne ses reliures d'une très fine dentelle à la roulette au bord des plats et présente des reliures jansénistes d'une grande perfection avec une doublure finement ornée.
C'est une période privilégiée pour le livre. Les grands textes, mis en valeur par une typographie très belle sont illustrés par une gravure en taille-douce qui connaît son âge d'or. Les amateurs de beaux livres se multiplient. Le faste et l'apparat de cette époque se reflètent dans le style des reliures de luxe. Mais, parallèlement à ces réalisations de grand prix, on trouve une quantité toujours croissante d'éditions plus simples avec des couvertures économiques en papier jaspé bleu ou en papier marbré, ou bien en un veau de qualité médiocre; on le granitait ou on le « jaspait » avec une encre souvent acide pour en masquer les imperfections. Les demi-reliures essentiellement en basane jaspée se répandent. Les beaux livres sont reliés en veau blond ou en maroquin rouge, olive, bleu ou citron. Ce maroquin n'avait pas encore le « grain » qu'on lui connaît actuellement. Apparition de la pièce de titre en maroquin de couleur contrastée. Les gardes sont en papier décoré mais, pour les reliures de luxe, on utilise de la soie moirée rose ou bleue ou du maroquin à décor. Les tranches sont peintes en rouge ou en bleu parfois marqué de blanc, dorées ou marbrées.
Le décor qui caractérise le XVIII siècle est le décor
« à la dentelle ». Sur un encadrement de fines roulettes ornées en « dents
de rat » ou en simples filets, on pousse des petits fers les uns à côté des
autres pour former une « dentelle » qui va s'élargissant dans les angles et
au milieu de chaque côté, le centre des plats étant réservé aux armoiries.
Les fers qui composent ce décor sont nouveaux et en plus des fleurettes, coquilles, fleurs et feuilles stylisées, on trouve des fers figurés : un oiseau qui sera considéré comme la signature de Derome le Jeune, une tête de profil, des emblèmes divers.
La corporation des relieurs-doreurs remonte à 1686, date à laquelle elle se sépare des maîtres-imprimeurs et libraires. Pourtant le niveau de la profession va baisser pendant tout le xviiie siècle, ce qui favorise la vogue de l'« anglomanie » poussant plusieurs collectionneurs à faire relier leurs livres à Londres. Jusqu'à la Révolution, les principaux relieurs appartiennent tous à trois puissantes dynasties dont chacune a donné, du XVII au XIX siècle, quinze à vingt noms à l'art du livre français. Ce sont les Padeloup, les Le Monnier et les Derome.
Les Padeloup : Antoine-Michel est le plus célèbre
(1685-1758). II signe ses oeuvres, ce qui est encore rare, et est l'auteur de
reliures mosaïquées à compartiments géométriques pour un collectionneur célèbre,
le comte d'Höym. Dans son atelier et dans celui de ses successeurs naîtra le décor
à la dentelle. Elles seront dorées avec des « fers gras » imités de la
broderie, avec des coquilles aux angles, et déjà un oiseau voletant.
Pierre-Paul Dubuisson : nommé relieur du roi en 1762, il se spécialisera, comme Padeloup, dans les grandes reliures à plaques.
La reliure de luxe va pratiquement disparaître. La
demi-reliure se généralise. Les papiers de plat sont des papiers « à la
colle » de couleur généralement unie. Les armoiries poussées au centre du
volume ont disparu et sont remplacées par des emblèmes révolutionnaires. Le
cuir est médiocre et l'exécution en général mauvaise. Les grandes
innovations de cette époque sont l'introduction de planches en couleurs dans
les livres et le titrage des livres en grandes capitales Didot, marquées de façon
très nette contrastant heureusement avec les titrages antérieurs.
Le meilleur relieur que nous connaissions de cette période est Bradel-Derome, neveu de Derome, qui signa des reliures simples, en veau ou en maroquin à grain long, ornées de simples encadrements de roulette aux bords des plats et sur les dos sans nerfs.
Ce sont les frères Bozérian : l'aîné travaillera jusqu'en 1814 et le jeune sera actif de 1804 à 1817. Le corps d'ouvrage s'améliore et si on relie souvent «à la manière anglaise » - tranches décorées d'un paysage qui n'est visible que lorsqu'on ouvre le livre - , on recommence à utiliser des fleurons «à froid » sans or dans les angles, amorce du style de copie des reliures qui sera courant au XIX siècle.
Le style Empire va se maintenir quelque temps :
encadrements à la roulette et dos divisés en compartiments pointillés d'or. A
partir de 1819, les expositions consacrées spécialement à la reliure vont se
multiplier et permettre de mieux suivre l'évolution du style des grands
relieurs. On constate que la technique s'améliore et qu'une mode moins sèche
se fait jour.
Le maroquin et le veau glacé prennent des teintes nouvelles : gris, lilas, rose, feuille-morte (le maroquin « Lavallière ») et violet. Au maroquin à grain long se substitue souvent le maroquin à grain rond et le veau lisse avec des gardes et même des contre-gardes en cuir.
LES TECHNIQUES
Ce sont celles du livre romantique. La technique du « dos brisé » dans laquelle on ne colle plus le cuir directement sur le dos du livre mais sur une carte tenant légèrement à lui a été généralement adoptée depuis le milieu du XVIII siècle. On utilise largement la couture à la grecque et les faux nerfs.
Thouvenin, connu depuis 1814, fit beaucoup de copies de reliures anciennes pour Charles Nodier et fut célèbre pour la solidité de son « corps d'ouvrage ».
Lortic est réputé pour ses reliures très chargées, très luxueuses. II faut aussi citer un atelier fort célèbre : la maison Gruel, puis Gruel-Engelmann, qui se spécialisa dans les livres de messe dont certains étaient très luxueux. Dans cet atelier travaillait un doreur de grand talent qui copiait avec une admirable sûreté de main les reliures Henri II. C'était Marius Michel. II ouvrit avec son fils, Henri Marius Michel, un atelier de relieur d'art et c'est ce dernier qui obtint une première récompense à l'Exposition de reliure de 1878. Lentement, son style évolue sous l'influence probable des peintres-relieurs de l'école de Nancy ou celle de l'école anglaise de reliure - qui autour de William Morris, écrivain d'art et peintre du groupe des « préraphaélites », et du relieur Cobden-Sanderson renouvelait son inspiration -, et il en vint à créer des compositions végétales où toutes sortes de fleurs et de feuillages s'enroulent sur une structure très élaborée respectant la symétrie et les grandes règles de décoration des reliures. Le sujet de la décoration n'a pas encore de rapport avec le sujet du livre. Les teintes du cuir sont rares et recherchées, on grave de nouveaux fers en accord avec les besoins de « l'art nouveau » - c'est un des grands moments de la reliure. En même temps que Marius Michel on peut citer parmi les meilleurs : Charles Meunier-Noulhac, Petrus Ruban et Georges Canape.
L'ÈRE DES MAQUETTISTES
C'est la dissociation entre la création et la fabrication.
Elle va se généraliser et l'entente parfaite d'un artiste concepteur avec un
artisan de très haut niveau va produire des chefs-d'oeuvre. Pierre Legrain, décorateur
qui ignorait tout de la reliure, a dessiné les reliures pour le couturier
Jacques Doucet. Sous l'influence du cubisme il composa, à l'aide de tracés géométriques,
un décor qui va d'un plat à l'autre de la reliure en passant par le dos.
Autres innovations : la participation de la typographie au décor et l'emploi de
matériaux inhabituels tels que nacre, galuchat, bois précieux, et de dorures
avec du palladium, de l'or ou de la couleur. Les 1 236 reliures qu'il a dessinées,
n'ont « pas en elles-mêmes une signification. Le plat d'un livre n'est qu'un
frontispice qui en résume l'âme et nous prépare à sa lecture par le choix
d'une nuance ou d'un signe ».
Rose Adler: enfin une femme! Elles étaient cantonnées
jusque-là dans les ateliers aux travaux de débrochage, réparation, couture.
Le grand relieur Cobden-Sanderson en Angleterre et l'impératrice Eugénie en
France en fondant la section reliure de l'École des arts décoratifs et en
l'ouvrant aux femmes permirent à ces dernières d'apprendre la totalité du métier...
Jacques Doucet remarqua les reliures que Rose Adler exposait en 1923 au pavillon de Marsan. Elle avait appris la reliure et la dorure dans l'atelier de Noulhac. II la chargea de relier pour lui et très rapidement elle ne fit plus que des maquettes, confiant la réalisation aux meilleurs artisans. Suivant sa phrase célèbre « la reliure est comme un écho monté du livre et faite sur un corps d'ouvrage sans déficience ».
II est malaisé de parler de la période dans laquelle on
vit. On peut simplement constater que la reliure, loin d'être un art oublié,
menacé, sans résistance devant les nettes reliures de série, trop cher, etc.
se porte bien. Les créateurs sont là, sensibles à l'air du temps qu'ils ont
su capter et interpréter.
L'immédiate après-guerre a vu l'épanouissement de l'art
de la reliure plus spécialement illustré par les artistes suivants
Pierre-Lucien Martin, au style plein de rigueur et de subtilité. Effets de relief donnés par des structures planes, mosaïquées, multicolores, emploi de matières inhabituelles comme le bois déroulé, oppositions de cuir, de reliefs et de matières différentes, sculptures de lettres, empreintes de cheveux, de dentelle, de feuilles...
Colette et Jean-Paul Miguet : ils conçoivent des maquettes
d'un graphisme subtil; font des reliures d'une qualité technique rare et savent
réaliser eux-mêmes les mosaïques et la dorure.
Michel Richard et Élisabeth Rossignol : dans leurs
reliures s'allient un graphisme et une dorure de très grand niveau sur des
livres illustrés souvent par Michel Richard dans un style profondément personnel et original. Alain et
Paule Lobstein : un autre couple créateur qui se complète, l'une s'occupant du
côté graphique du décor et l'autre des matériaux et de la réalisation de la
reliure.
Claude Honnelaïtre : excellent relieur qui a des inventions très intéressantes sur le plan du graphisme et de l'utilisation des matériaux dans un sens très moderne. Renaud Vernier : relieur d'une très grande perfection technique. La particulière élégance de ses décors est fondée sur l'alliance du cuir et de matériaux divers, notamment des métaux.
Jean de Gonet. C'est une nouvelle conception de la reliure d'art dans laquelle décoration et structure de la reliure s'interpénètrent et se mettent en valeur l'une l'autre.